Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

lundi 27 juin 2011

Lire les trous

Un des premiers romans d’adulte que j'ai lus est le Satiricon de Pétrone (lecteur : deuxième moitié XXe s. ap. J.-C., auteur : moitié du Ier ap. J.-C.), et j'ai été bien content d'apprendre que le premier roman occidental était celui-là. Un roman allègre. Moqueur. Et incomplet. On m'a expliqué que les livres antiques ne nous sont connus que par des recopiages faits dans des monastères au Moyen Âge. Il est d'ailleurs à porter au crédit des moines et de leur naïf amour de l'esprit qu'ils aient recopié, des vies durant, des livres d'une religion contraire à la leur et contenant parfois des choses bien osées. Parce que c'était l'heure des vêpres et que, courant vers le réfectoire en relevant sa soutane, le frère qui s'occupait de Pétrone a fait s'envoler des feuilles qui sont allées se mêler aux emballages de bouteilles de liqueur ou se greffer aux ailes d'un papillon ? en tout cas, le Satiricon nous est parvenu incomplet. La lecture de ses trous était fascinante. Moins que ce qui restait, mais parce que cela restait. Qu'y avait-il eu à la place de ce trou ? C 'est le moment où le lecteur est encore plus Sherlock Holmes que d'habitude. On dit : c'est en traversant les temps que le Satiricon s'est troué. Bien. Mais si je décide que c'est parce que Pétrone était un génie ? Qu'il a organisé lui-même ses trous ? La condescendance du présent envers le passé est risible, parfois. Vous savez qu'ils étaient aussi très intelligents ? Et je me suis dit : écrivons un roman avec des trous. Nos vies hâtives n'a pas été celui qui s'est le mieux vendu. Le lecteur fait des trous en sautant des passages.
Charles Dantzig, Pourquoi Lire ?, Grasset, 2010

dimanche 19 juin 2011

2000 ans après son naufrage, la barge romaine d'Arles va refaire surface

Après avoir livré ses innombrables trésors, une barge du 1er siècle immergée dans l'ancien port romain d'Arles, sur les berges du Rhône, va être relevée à partir de cet été, avant d'être restaurée puis exposée au public en 2013 au musée Arles antique.

Découvert en 2004, à quelque 8 mètres de profondeur dans le port d'Arelate, l'Arles romaine, ce chaland à fond plat de 31 mètres de long, daté du milieu du 1er siècle de notre ère, au moment de la monumentalisation de la ville, est en excellent état de conservation.
"C'est le seul bateau romain complet qu'on connaisse, explique Claude Sintes, le directeur du musée départemental Arles Antique (MDAA). A bord, on a retrouvé des cordages, la cuisine des marins, avec son four, la vaisselle gravée à leurs noms, des outils comme une houe, une serpette et aussi tout son chargement: 27 tonnes de pierres taillées destinées à la construction !"
Pour une raison inconnue, le bateau a coulé comme un bloc et s'est enfoncé dans le limon du fleuve, qui a permis sa conservation. Aux sédiments fluviaux sont venus s'ajouter des milliers d'amphores, de poteries et d'objets usuels, jetés par les habitants dans le fleuve entre le Ier et le VIe siècle : un énorme dépotoir de près de 3 mètres de hauteur qui a formé une gangue protectrice durant près de 2000 ans.

Déjà fouillée à trois reprises en 2008, 2009 et 2010, cette couche, qui pourrait renfermer plus de 2.000 amphores et quelques 10.000 céramiques, a déjà livré quelques trésors comme un lustre à 20 becs, un service quasi-complet en bronze, et même le dé pipé d'un tricheur !

Depuis quelques semaines, des équipes d'archéologues, assistés de spécialistes des travaux publics sous-marins, ont commencé à dégager complètement l'épave du dépôt portuaire, remontant chaque jour des centaines de poteries.
Au fur et à mesure de son dégagement - il faudra également remonter à la main les 27 tonnes de pierres pesant entre 3 et 7 kilos chacune ! -, l'épave sera découpée en une dizaine de tronçons, sous l'eau et à l'égoïne pour ne pas abîmer le bois.
A partir de juillet, chaque tronçon sera ensuite remonté à la surface et démonté. Les éléments seront acheminés dans des sacs remplis d'eau vers un laboratoire spécialisé, à Grenoble, pour y subir un traitement à base de résine avant la lyophilisation des bois.
Puis viendront le remontage du bateau et son exposition en 2013 dans une nouvelle aile du MDAA, construite pour l'occasion et entièrement consacrée au port antique et aux activités fluviales. Ce parcours viendra enrichir les autres sections du musée déjà célèbre pour ses trésors comme le buste de César, lui aussi découvert dans le Rhône.
D'ici là, à partir de samedi et jusqu'au 6 mai 2012, une exposition permettra au visiteur de suivre en direct les opérations de fouille et de relevage et d'en comprendre la dimension archéologique, tout en présentant quelques beaux objets retrouvés dans l'épave.
Ce projet, soutenu par de nombreux partenaires et mécènes, devrait coûter au total 8 à 9 millions d'euros.

AFP - 04/06/2011 à 23:02

Photo : Image de synthèse représentant une barge romaine du 1er siecle, actuellement immergée à 8 mètres de profondeur dans l'ancien port romain d'Arles (AFP)

jeudi 9 juin 2011

La Tête au carré : les peintures murales romaines

L'émission de Mathieu Vidard du mercredi 8 juin 2011 porte sur les peintures en archéologie.
Après une partie sur les grottes préhistoriques ornées, vous pourrez entendre Alix Barbet, archéologue et directrice de recherche honoraire au CNRS, auteur de La peinture murale romaine. Les styles décoratifs pompéiens chez Picard.

voir la fiche sur cette émission.

pour écouter l'émission.

mercredi 8 juin 2011

La Marche de l'Histoire : Les loisirs à Rome

La nouvelle émission de Jean Lebrun fait suite à celle de Patrice Gélinet, parti au CSA.

mercredi 1er juin 2011 :
Les loisirs à Rome

avec Jean-Noël Robert, historien et latiniste, auteur de L'empire des loisirs - L'otium des Romains aux Belles Lettres.

voir la fiche sur cette émission.

pour écouter l’émission :


mardi 7 juin 2011

Brutus et Cassius

Voici maintenant une visite inattendue pour Brutus, c’est son beau-frère Cassius, un homme énergique mais ambitieux et violent. Il s’avance et parle aussitôt, sans détours.
- Tu sais, dit-il, que je t’ai envié lorsque César t’a nommé préteur urbain. Mais laissons cela ! Je veux que notre amitié retrouve sa vigueur d’autrefois.

Brutus, tout heureux de cette réconciliation, lui tend la main et l’assure de son affectueuse estime.
- Alors, je te parlerai franchement, reprend Cassius. On attend des autres préteurs des jeux, des courses ou des chasses. Ce qu’on réclame de toi, c’est que tu rendes à Rome sa liberté.
- Je sais, répond simplement Brutus.
- Tu te souviens sans doute, continue Cassius d’un ton rude, de ce que César nous a dit un jour. Il nous a avoué qu’au cours de sa jeunesse il avait pleuré dans une ville d’Espagne devant la statue d’Alexandre le Grand. « A mon âge, avait-il pensé, il avait conquis le monde et moi je n’ai encore rien fait. » Or aujourd’hui encore il rêve d’Alexandre. Comme lui il se fait proclamer dieu, comme lui, il veut être roi. Allons-nous l’admettre, nous, citoyens romains ?
- Non certes, affirme Brutus d’une voix calme. Nos ancêtres nous ont appris à détester les tyrans et à défendre la liberté comme le plus précieux des biens.

Cassius se rapproche de son ami et le prend familièrement par l’épaule.
- Tout est prêt, dit-il, le Sénat convoqué, la manœuvre mise au point. Au soir des ides de Mars, César sera roi. Et toi, Brutus, que feras-tu ce jour-là ?
- Je n’irai pas au Sénat.
- Mais tu es préteur et tu seras forcé d’être là.
- Alors, je m’opposerai de toutes mes forces à l’infâme projet de César et comme Caton, je me tuerai plutôt que de voir expirer la liberté.

Cassius n’est pas satisfait de cette réponse.
- Te tuer ? dit-il, je sais que la mort ne fait pas peur au sage. Mais ce n’est pas ainsi qu’on sauvera la République. Il faut maintenant agir, lutter ferme et tuer César avant qu’il n’ait fait de nous ses esclaves.
- Ne compte pas sur moi, reprend fermement Brutus. César m’a trouvé dans le camp de Pompée et il m’a fait grâce. Il n’a même pas hésité à me combler d’honneurs. Il me traite comme son fils. Je ne puis oublier tout cela, je ne puis trahir mon bienfaiteur.

Cassius a écouté ces mots avec une vive impatience et il sent la colère monter en lui.
- Ainsi, dit-il en serrant les poings, je vois que César n’a pas perdu son temps avec ses cajoleries et ses prévenances. Mes amis se trompaient en croyant que survivait en toi l’âme ardente de Caton. Te voilà ébloui par le génie du nouvel Alexandre, lâchement résigné et mûr pour l’esclavage.
- Ne m’accable pas.

Cassius maintenant continue avec une éloquence enflammée, convaincante.
- Songe, mon ami , que toute la carrière politique de César n’a été qu’une suite d’illégalités et de violences. Pour arriver au pouvoir, tout lui a été bon. Il a joué au grand seigneur, élégant, ami du plaisir, prodigue, lettré et en même temps, il flattait la canaille, organisait des bagarres au Forum, feignait d’être l’ami du peuple. Tout cela pour préparer la guerre civile et franchir un jour le Rubicon en répétant le vers d’Euripide : « S’il faut violer le droit, que ce soit pour régner ! » Et le voilà qui veut à tout prix sa couronne. Le roi César ! Cela sonne bien, qu’en dis-tu ?

Brutus, à la fin se décide à entrer dans le complot, le salut de la Patrie devant passer avant tout. Cassius comprend qu’il ne reculera plus.

extrait de J. DEFRASNE, Récits tirés de l’histoire de Rome

lundi 6 juin 2011

News de l'Antic' (mai 2011)


Découvrez ce nouveau numéro des News de l'Antic', proposé par l'académie de Strasbourg.

mai 2011

jeudi 2 juin 2011

Le Salon noir : un sanctuaire celtique de Ribemont sur-Ancre


Le Salon noir, émission de France Culture sur l'archéologie, excellente quoique assez pointue, propose de réécouter :

Qui furent donc les sacrifiés du grand sanctuaire celtique de Ribemont sur-Ancre ?
On y entend Jean-Louis Brunaux, directeur de recherche au CNRS et auteur de Voyage en Gaule au Seuil et Jannick Ricard, médecin légiste.

Consulter la fiche de l'émission...

Réécouter l’émission :