Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

jeudi 27 mai 2010

Visite à Bath

Comme son nom l'indique, la ville de Bath est célèbre pour ses bains. Les bâtiments actuels datent du XIXe siècle, mais ils reposent sur les restes des constructions antiques. On le voit bien sur l'image ci-contre : la partie antique est en pierre grise, tandis que les parties reconstruites sont de couleur jaune (pierre que l'on retrouve beaucoup à Oxford).
Les bains sont très anciens et remontent au moins à l'âge de fer, avant la conquête romaine de la (Grande-) Bretagne en 43 ap. J.-C. La ville de Bath était idéalement située à l'époque romaine puisqu'elle se trouvait à l'intersection de la rivière Avon et de la frontière romaine, marquée par une route militaire importante (la Fosseway).
Son nom antique fait également référence aux bains puisqu'on l'appelait Aquae Sulis ("les eaux de Sulis"), du nom de la déesse Sulis, honorée localement. Les Romains ont assimilé cette déesse à Minerve.
Les eaux qui sourdent à Bath sont particulières : ce sont des eaux chaudes chargées en minéraux qui proviennent des profondeurs de la terre. C'est pourquoi elles ont de nos jours cette couleur verdâtre. Dans un bassin à l'arrière, on voit clairement les bulles crever à la surface de l'eau. On compte trois sources à Bath. Elles étaient honorées à l'époque celtique (les Celtes rendaient un culte aux cours et plans d'eau). Le bâtiment romain est donc une extension des installations précédentes.
Il a la particularité de cumuler plusieurs fonctions :
- lieu de culte à Sulis (temple et source sacrée)
- bains thermaux curatifs (qualité particulière des eaux)
- thermes à la romaine, hygiénique.






Un reste d'une canalisation antique en plomb. Elles étaient obtenues en martelant une grand feuille de plomb autour d'un morceau de bois cylindrique.





Stèle funéraire d'un prêtre de la déesse Sulis, découverte à Bath. C'est celle de Caius Calpurnius, mort à 75 ans, comme le précise l'inscription. C'est sa femme qui a fait graver la stèle.





Fronton du temple de Sulis Minerve. On voit au centre une figure qui cumule les caractéristiques de Neptune et des Gorgones. Autour de ce médaillon central, on reconnaît des victoires, des animaux aquatiques et même des astrolabes (dans les coins inférieurs).

mercredi 12 mai 2010

Un temple dédié à Mithra découvert à Angers


Une fouille réalisée à Angers sur le site de l’ancienne clinique Saint-Louis par une équipe de l’Institut national de recherche archéologiques préventives (INRAP) a révélé l’existence d’un « mithraeum », temple voué au dieu d’origine indo-iranienne Mithra.
Une découverte exceptionnelle. La mise à jour d'un temple dédié au dieu d’origine indo-iranienne Mithra a été découvert par une équipe de l’Institut national de recherche archéologiques préventives (INRAP) sur le site de l’ancienne clinique Saint-Louis à Angers. Il s'agit d'une découverte archéologique de première importance. Il n’existait à ce jour aucun témoignage d’une présence de ce culte dans l’ouest de la Gaule. Le mithraeum se présente sous la forme d’un bâtiment rectangulaire encavé au nord-ouest du site. Il est apparu au cours d’une fouille préventive sur un chantier d’immeuble d’habitations, dans l’antique quartier de Juliomagus (« le marché de César », nom latin de la ville d’Angers).
Quelque 200 pièces de monnaie, des fragments de statues, un bas-relief de Mithra et un vase complet avec une dédicace explicite à la même divinité ont été découverts sur place.

Le culte de Mithra. Né en Perse, il a probablement été importé en Occident par des légionnaires romains et des marchands en relation avec l’Orient. Le culte, dont les rites et la doctrine restent en grande partie mystérieux, s’est diffusé du Ier siècle avant J.C. jusqu’au IVe siècle après J.C., depuis l’Arménie, Rome, la Grèce, puis le long de l’axe Rhin/Danube, jusqu’en Bretagne insulaire. Concurrent du christianisme, il fut finalement interdit par l’empereur Théodose en 392.

Ministère de la culture
photos : Joël Le Gall (bas) et Hervé Paitier/Inrap (haut)

dimanche 9 mai 2010

Journée des Langues Vivaces

C'est avec un grand plaisir que nous sommes allés, avec les latinistes de 4e 2, 3, 4 et 5, accompagnés d'Angélique, vendredi 7 mai au Lycée Jeanne d'Arc de Rouen pour le première édition de cet événement intitulé "Journée des Langues vivaces", consacrée au latin et au grec ancien. Notre visite fut courte (une heure) mais très intéressante : au programme, plusieurs ateliers qui permettaient de découvrir différents aspects des cultures antiques.

L'atelier danse était proposé par Marie-Hélène Delavaux-Roux (Université de Brest), helléniste et danseuse, spécialiste de la danse grecque antique. Les élèves se sont initiés au rythme et aux danses grecques antiques.
Un autre atelier était proposé sur le rythme du vers grec et latin. Les élèves ont pu comprendre la base de la poésie antique : la succession des syllabes longues et brèves, l'accent tonique... tout en marquant le rythme avec des pas ou en frappant dans les mains. On a alors un aperçu du travail des aèdes ou des acteurs antiques.
Un autre groupe a découvert la scansion de la poésie sur informatique, au moyen d'un logiciel. Un quatrième groupe s'est intéressé à la mythologie antique, et notamment à la figure de Prométhée.
Les élèves étaient très satisfaits de cette expérience, et on attend déjà l'an prochain la deuxième Journée des Langues vivaces !

lundi 3 mai 2010

Emeutes à Pompéi

- Avant de quitter l'amphithéâtre, dit Anna Maria, je vais vous raconter une histoire qui s'est produite ici et qui a été aussi vécue par les Pompéiens comme un drame. On la connaît parce qu'elle a été racontée, et pas par n'importe qui, par Tacite lui-même, et aussi parce qu'il y a une peinture qui montre l'événement et qui est conservée au musée, à Naples. C'est à propos des combats de gladiateurs. Les combats du cirque attiraient une foule considérable, déchaînaient les passions les plus folles, un peu comme le football aujourd'hui. En 59, éclate une rixe dans l'arène entre les habitants de Pompéi et ceux de Nuceria, la ville voisine, Nocera à notre époque. On ne sait pas comment la bagarre a commencé. Les Nocériens étaient sans doute venus soutenir leur équipe. Tacite dit qu'il y a eu des injures d'abord, puis on a lancé des pierres, enfin on est allé chercher des armes. Les bagarres essaimèrent partout dans les environs de l'amphithéâtre. Ce fut sauvage. Tous les voyous de Pompéi s'y mirent. Et, bien sûr, les Nocériens, qui devaient être moins nombreux, eurent le dessous. On releva de nombreux morts et aussi beaucoup de blessés. Le Sénat romain ouvrit une enquête et jugea. Néron interdit Pompéi de jeux pour dix ans et fit exiler l'organisateur des combats et les principaux chefs des bagarres. Mais trois ans plus tard, après le tremblement de terre de 62, on a été pris de pitié pour la ville, on a autorisé à nouveau les jeux ici.
- Eh bien, dit Marina, je suis en retard d'au moins deux histoires sur vous !

Alain JAUBERT, Une Nuit à Pompéi, éditions Gallimard, 2008.

Les supporters de Pompéi et ceux de Nuceria, ville voisine, en viennent aux mains, envahissent l'arène, et les abords de l'amphithéâtre et de la palestre. L'historien TACITE rapporte cette anecdote dans les Annales (XIV). Au fond, on distingue nettement le velum, immense toile qui abritait les spectateurs des ardeurs du soleil.