Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

dimanche 17 mars 2019

Carbone 14 : Des origines étrusques à Pompéi ?

Carbone 14, la nouvelle émission de France Culture sur l’archéologie, présentée par Vincent Charpentier, propose une émission en réécoute intitulée :

Pompéi avant Pompéi


avec Stéphane Verger, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, spécialiste des sociétés protohistoriques et cultures méditerranéennes.

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samedi 16 mars 2019

Carbone 14 : A la recherche d’Alésia, un site jamais oublié

Carbone 14, la nouvelle émission de France Culture sur l’archéologie, présentée par Vincent Charpentier, propose une émission en réécoute intitulée :

Alésia ? Connais pas !


avec Jean-Louis Brunaux, directeur de recherche au CNRS (Laboratoire d’archéologie de l’ENS).

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dimanche 10 mars 2019

Un témoignage de la défaite de Varus

La défaite de Varus a eu lieu dans la forêt de Teutobourg en 9 après J.-C., en Germanie. Les spécialistes ne sont pas d’accord sur le lieu exact de la bataille ni sur ses circonstances précises. Les Romains ont peut-être été victimes d’une trahison des mercenaires germains, menée par Arminius (Hermann), un Germain de la tribu des Chérusques, qui avait servi auprès des Romains. La défaite a été également rendue possible par un terrain marécageux absolument pas propice aux manœuvres de l’armée romaine, ainsi qu’à l’excellente connaissance du terrain par les Germains.
Une pierre tombale a été retrouvée en Allemagne à Xanten, non loin du camp romain de Castra Vetera (« le Vieux Camp »). C’est celle d’un centurion romain et de ses deux affranchis, manifestement tombés lors de cette bataille.
Le monument a la forme d’un temple, avec un fronton orné de rinceaux, soutenu par deux pilastres. On peut y voir trois personnages. Celui du milieu est le personnage principal, les bustes de part et d’autre sont ceux de ses affranchis.
Le personnage central porte une couronne de chêne (la corona civica ; il a donc sauvé un camarade), il a un cep de vigne à la main droite (il est centurion), sa cuirasse est ornée de phalères (masques) et des torques en or sont attachés à ses épaules. Il porte des bracelets (armillae) aux poignets. C’est un centurion couvert de médailles.
Observons l’inscription :

Marco  CAELIO  Titi  Filio  LEMonia  tribu  BONonia
I  Ordinis  LEGionis  XIIX  ANNorum  LIII  Semissis
CECIDIT  BELLO  VARIANO  OSSA
INFERRE  LICEBIT  Publius  CAELIVS  Titi  Filius
LEMonia  tribu  FRATER  FECIT

à Marcus Caelius, fils de Titus, de la tribu Lémonia de Bologne
centurion de 1e classe de la 18e légion, âgé de 53 ans et demi
Il est tombé lors de la guerre de Varus, on pourra 
y mettre ses ossements. Publius Caelius, fils de Titus,
de la tribu Lémonia, son frère, a fait faire (ce monument).

Sous chacun des bustes, on a les noms des affranchis de Marcus Caelius, morts avec lui :
Marcus CAELIUS Marci Libertus PRIVATUS : Marcus Caelius Privatus, affranchi de Marcus
Marcus CAELIUS Marci Libertus THIAMINUS : Marcus Caelius Thiaminus, affranchi de Marcus

En raison de la lacune de la pierre, on pourrait restituer au début de la 4e ligne LIBertorum INFERRE... ce qui signifierait : « On pourra y adjoindre les ossement de ses affranchis ».

L’information étonnante est l’âge de Marcus Caelius : il a dû rempiler à plusieurs reprises et son haut grade montrait qu’il devait être un bon chef pour ses hommes, à un moment où la Germanie devait devenir province romaine et que des cadres militaires fiables deviendraient indispensables. Il appartient au primus ordo, c’est-à-dire centurion de la première cohorte. Il n’est pas précisé s’il était « primipile », premier centurion de la légion, le plus haut grade de centurion, qui faisait en fait partie de l’état-major et avait voix au chapitre. Mais son âge et le contexte rendrait cela possible.
Le monument est bien un cénotaphe (du grec κενοτάϕιον : kenos « vide » et taphos « tombeau »), c’est-à-dire qu’il ne contient pas de corps. La famille a dû espérer pouvoir récupérer la dépouille de Marcus, ce qui, on le sait par les sources historiques, n’a pas été possible, les corps ayant été laissés à l’abandon et aux bêtes sauvages.
Cette pierre tombale se trouve aujourd’hui à Bonn, au Rheinisches Landesmuseum.