Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

dimanche 29 mars 2009

Les grands monuments de Lutèce

Les grands monuments de Lutèce - Premier projet urbain de Paris
La Crypte archéologique du parvis Notre-Dame à Paris abrite jusqu’au 28 février 2011 une exposition présentant le premier projet urbain de Paris, à travers les principaux monuments antiques construits du Ier au IVe siècle de notre ère.

Le visiteur explore les monuments emblématiques de Lutèce : le forum, les thermes, le théâtre et l’amphithéâtre, décrits à la lumière d’études récentes et de documents inédits. Des restitutions en 3D inédites et des dessins d’illustration en détaillent les plans, l’élévation, le décor et en éclairent la fonctionnalité. Une carte permet de localiser précisément chacun de ces monuments au sein de la ville antique et de la ville actuelle : le forum (rue Soufflot), l’amphithéâtre (arènes de Lutèce), le théâtre (rue Racine), les différents thermes (Musée de Cluny, Collège de France, rue Gay-Lussac).
Le parcours restitue la réalité de Lutèce, ville modeste mais aussi capitale régionale influencée par les modèles romains. La crypte archéologique du parvis Notre-Dame invite le promeneur à découvrir, au sein du Paris contemporain, l’héritage de la cité antique qui porte en elle les prémices d’une grande métropole.

voir des images en 3D de l'exposition.

voir aussi le blog du créateur des images 3D.

mercredi 18 mars 2009

Découvrons Corent

La scène se passe en Auvergne. Le nom de cette région française vient du peuple gaulois des Arvernes. L'homme le plus célèbre de ce peuple est bien sûr le jeune prince Vercingétorix (dont le nom signifie "super roi des guerriers"). On pensait jusqu'alors que l'oppidum des Arvernes était Gergovie, où eut lieu la célèbre victoire gauloise en 52 av. J.-C.
Le site de Corent, très proche de Clermont-Ferrand et de Gergovie, était connu depuis longtemps comme un site archéologique, en raison des restes qu'on retrouvait régulièrement. On pensait jusqu'aux fouilles faites en 2005 que c'était un site religieux, un fanum.
On a effectivement retrouvé les restes d'un temple, mais aussi des boutiques et des quartiers d'habitation. Il s'agissait donc d'une vraie ville, datant du IIe siècle av. J.-C. Il pourrait s'agir de Nemossos ("bois sacré") cité dans les sources antiques.
La bataille de Gergovie aurait donc eu pour rôle de protéger cette ville. D'ailleurs, César, dans la Guerre des Gaules, précise que Vercingétorix s'était installé "prae oppidum", en avant de la cité.

voir le site du LUERN *

Pour l'anecdote, Luern signifie "loup" en gaulois. C'était le nom d'un célèbre chef arverne.

mercredi 11 mars 2009

La machine d'Anticythère

Cet objet extraordinaire a été découvert dans une épave antique en 1900 par des pêcheurs d'éponge, à proximité de l'île d'Anticythère, qui, comme son nom l'indique, se trouve en face de l'île de Cythère, entre le Péloponnèse et la Crète.
Il s'agit d'un bloc de morceaux de bronze corrodés qui comporte des engrenages. On a d'abord cru que c'était une vieille horloge de l'époque moderne, jetée en mer et tombée par hasard dans l'épave. On ne pensait pas qu'un tel objet puisse avoir été fabriqué dans l'Antiquité.
Il n'en est rien. Des études plus approfondies ont montré que cet objet était bien antique, mais difficile à étudier car les éléments le constituant sont soudés les uns aux autres par la corrosion. Il n'est pas possible de les séparer sans détruire l'objet.
L'épave dans laquelle on a trouvée cet objet a sombré en -86. On le sait par des monnaies découvertes par le commandant Cousteau. Cette année-là, l'armée romaine reconquiert la Grèce et met la ville de Pergame à sac. Le navire, à destination de Rome, rempli d'objets de valeur, aurait sombré lors d'une tempête. Le mécanisme date donc du tout début du Ier s. av. J.-C., voire du siècle précédent.
Cet objet est très complexe : des engrenages, des roues, des aiguilles, des cadrans gradués comportant des inscriptions astronomiques.
On a pensé que l'objet pouvait venir de Rhodes, île grecque réputée dans l'Antiquité pour ses ingénieurs en mécanismes et automates.
Cet appareil pouvait en effet indiquer les phases de la lune, les positions du soleil, de la lune, et probablement de Mars et Vénus. Il était équipé d'un système permettant de compenser le décalage de l'année solaire (un jour tous les quatre ans, alors que cela n'était pas encore appliqué pour les calendriers). L'appareil servait aussi à prévoir les éclipses et les levers d'étoiles particulières.
Pour prolonger les recherches, on a construit en 2000 un scanner (tomographe) exprès pour cet objet, qui a une précision de 50 microns.
On a découvert de nouvelles inscriptions et un quatrième cadran. Celui-ci indique le cycle des olympiades et d'autres jeux panhelléniques. C'était donc aussi un calendrier. Les inscriptions, dans un style du IIe s. av. J.-C., renvoient aux mois utilisés à Corinthe et dans ses colonies. Toutefois, Rhodes n'est pas une colonie corinthienne. Mais Syracuse, si ! Or c'est la cité d'Archimède, mort lors du siège de sa ville par les Romains en -212 et on sait que deux machines d'un type équivalent avaient été rapportées à Rome après la prise de Syracuse, et que Cicéron avait pu en voir fonctionner une 150 ans plus tard.
On peut donc imaginer que cette machine découle directement de celles fabriquées par Archimède et est un témoignage concret du génie du célèbre savant et inventeur grec.

voir la page consacrée à la machine d'Anticythère sur Wikipédia (la page en anglais est plus à jour et plus complète).