Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

jeudi 31 décembre 2009

On a trouvé un nouvel empereur romain !

C'est l'histoire d'une pièce trouvée il y a un siècle près de Nantes. Elle mentionne un empereur inconnu, Domitianus.
On pensait au moment de la découverte que cette pièce était un faux, ce qui était très courant à l'époque du fait de l'affaiblissement du pouvoir central romain et du manque de monnayage.
Sauf qu'en 2004, on a trouvé une pièce identique en Angleterre. Cela prouve que les deux pièces sont authentiques et attestent l'existence de cet empereur, probablement l'un des usurpateurs qui ont dirigé « l'empire gaulois » au IIIe siècle ap. J.-C.
Un étude récente démontre même que ces deux pièces ont été frappées avec le même coin, à l'atelier monétaire de Trèves (ou peut-être Cologne).
Quelques sources imprécises nous parlent d'un Domitianus, qui aurait dirigé très brièvement (quelques semaines) la Gaule et la Bretagne en 271 ap. J.-C., au début du règne d'Aurélien. L'historien Zosime (VIe siècle ap. J.-C.) cite rapidement ce personnage dans son Histoire Nouvelle (i9stori/a ne/a, I, 49, 2). La scène se passe alors que l'Empire est menacé par les Barbares (Scythes puis Allamans) : Aurélien en tue des centaines lors d'une bataille sur l'Ister, à la frontière de la Pannonie. C'est alors que « plusieurs membres du sénat qui avaient été accusés de conspiration contre l'empereur furent exécutés, et Rome, qui auparavant n'avait pas de remparts, en était désormais ceinte. Ces travaux, commencés sous le règne d'Aurélien, furent terminés par Probus. Au même moment, Epitimius, Urbanus et Domitianus furent pareillement suspectés d'être des "innovateurs" et furent immédiatement arrêtés et châtiés. »

Ces deux pièces sont typiques de l'époque et la tête de l'empereur est très stéréotypée : il porte la barbe et une sorte de couronne de rayons, allusion à Sol Invictus, représentation de la force et de pouvoir impérial. Il est écrit autour de sa tête :
IMP C DOMITIANUS P F AUG
abréviation de "Imperator Caesar Domitianus Pius Flavius Augustus".
L'autre côté est également intéressant. On y lit :
CONCORDIA MILITVM
autour d'une représentation de la Concorde (reconnaissable à la patère qu'elle tient à la main droite et la corne d'abondance dans l'autre.) La devise ("avec l'accord des soldats") signifie que Domitianus voulait faire croire que tous les soldats étaient derrière lui.

l'article sur Wikipédia (la version anglaise est plus développée).

mercredi 9 décembre 2009

Les éléphants d'Hannibal

Le grand chef de guerre de l'Antiquité a-t-il réellement traversé les Alpes à dos d'éléphant avec ses armées ?

Voici plus de deux mille deux cents ans que les guerres puniques entre l'Empire romain et Carthage ont livré à la postérité un épisode célèbre : Hannibal franchissant les Alpes à dos d'éléphant pour marcher sur Rome. Le troupeau de pachydermes aurait quitté l'Espagne pour traverser le sud de la Gaule et gravir ensuite la chaîne montagneuse. Depuis des siècles, les historiens s'interrogent : l'événement a-t-il réellement eu lieu ? Était-il possible de traverser la montagne avec des fantassins et de tels animaux ?

fiche complète sur arte.tv et ici.

samedi 12 décembre 2009 à 21:35

Réalisateur : Jörg Altekruse (WDR ; Allemagne, 2006, 53mn)

Rediffusions :
16.12.2009 à 10:50
26.12.2009 à 05:00

samedi 28 novembre 2009

Promenade il y a 2000 ans à Lutèce

Sortie pédagogique à Paris jeudi 26 novembre...
Après un départ très tôt, puisque nous devions arriver au Louvre pour 9h30, nous nous sommes dirigés vers Notre-Dame, en suivant les quais hauts. Le temps était avec nous, joli soleil à peine caché par quelques nuages facétieux.
Pause déjeuner dès 10h30 (indispensable quand on s'est levé avant 6h ;-) puis visite de l'exposition sur les monuments de Lutèce.
L'après-midi, nous ressortons au niveau du XXIe siècle pour retrouver les traces de la Lutèce antique dans Paris actuel ; direction : le quartier latin.
Nous repérons le cardo maximus antique, l'actuelle rue Saint-Jacques, puis nous rendons vers les Thermes de Cluny (ci-dessus), équipement plutôt luxueux pour une ville d'environ 10 000 habitants. Nous remontons le boulevard Saint-Michel, vers le site du forum antique (à l'intersection de la rue Soufflot). Seule une pierre atteste de ce monument assez impressionnant.
Nous retournons vers la rue Saint-Jacques, à son point culminant de la Montagne sainte-Geneviève. C'est à cet endroit que les arpenteurs romains ont tracé les axes de la Lutèce romaine, à l'aide de leur groma (ci-contre).
Nous poursuivons notre route vers les arènes de Lutèce (à droite), exemple de théâtre-amphithéâtre spécifique au nord de la Gaule. Celui de Lutèce a été conçu comme tel : le bâtiment a la forme d'un théâtre mais dispose à la place de l'orchestre d'une arène elliptique. Il est donc en fait différent de celui de Lillebonne, puisque dans l'antique Juliobona, le bâtiment résulte de la transformation d'un amphithéâtre en théâtre.

photos : J. CROS

dimanche 22 novembre 2009

Cedant arma togae !

« Le premier de cette famille qui eut le surnom de Cicéron fut un homme très estimable ; aussi ses descendants, loin de rejeter ce surnom, se firent un honneur de le porter, quoiqu'il eût été souvent tourné en ridicule. Il vient d'un mot latin qui signifie pois chiche ; et le premier à qui on le donna avait à l'extrémité du nez une excroissance qui ressemblait à un pois chiche... »
Plutarque, Vie de Cicéron, I, 1

Pour mieux connaître ce grand Romain, à la fois avocat (l'affaire Verrès), homme politique (l'affaire Catilina), écrivain et philosophe, allez donc sur cette page.

La citation en titre hélas ne se réalisera pas au final pour notre Pois-Chiche : il fera partie des listes de proscription édictées par Octave en -43.

jeudi 19 novembre 2009

2000 ans d'Histoire : le péplum

L'émission de Patrice Gélinet du mercredi 18 novembre 2009 a pour thème le péplum, avec Hervé Dumont, auteur de L’Antiquité au cinéma : vérités, légendes et manipulations
et Claude Aziza, auteur du Péplum, un mauvais genre.


voir la fiche sur cette émission.

pour écouter l'émission.

dimanche 15 novembre 2009

Hannibal, le pire ennemi de Rome

A la fin du IIIe siècle avant notre ère, la cité phénicienne de Carthage est le seule à pouvoir rivaliser avec la puissance grandissante de Rome. Hannibal, général carthaginois, est l'un des plus farouches adversaires de la République romaine. Avec une armée de plusieurs milliers d'hommes et d'éléphants, il va parcourir des centaines de kilomètres et traverser les Alpes pour défier Rome sur ses terres.
Le réalisateur Edward Bazalgette retrace l'épopée de ce personnage de légende, incarné ici par l'acteur Alexander Siddig. Ben Cross interprète, lui, le rôle de l'adversaire d'Hannibal, le Romain Fabius Maximus Cunctator.

voir la fiche du documentaire.

Docu-fiction britannique d'Edward Bazalgette (2006)
sur France 3 le
samedi 21/11/2009
de 22H40 à 00H10 (durée : 90 mn)

mercredi 11 novembre 2009

Titus Flaminius

l'auteur :
Parisien d’origine, habitant à présent sur la Côte d’Azur, Jean-François Nahmias est né en 1944. Il est l’auteur de romans historiques consacrés au Moyen Âge français. Plus récemment, il a décidé de se consacrer exclusivement à l’Antiquité romaine, sa période de prédilection, et de faire partager sa passion à de jeunes lecteurs avec les aventures de Titus Flaminius.

la série :
Tome 1 - La Fontaine aux vestales
Tome 2 - La gladiatrice
Tome 3 - Le mystère d’Eleusis
Tome 4 - La piste gauloise

Livre de Poche Jeunesse
Prix : 6,5 €

samedi 24 octobre 2009

Vendanges à Pompéi

A l'époque romaine, les contreforts du Vésuve étaient réputés pour la qualité de leurs vignobles. C'est pourquoi on retrouve Bacchus sur une célèbre fresque de Pompéi (laraire de la Villa du Centenaire), qui représente le Vésuve à l'époque, avant l'éruption du 24 août 79.

Ces vendanges sont toujours faites aujourd'hui, comme le montre ce reportage du journal de 13 heures de TF1 (toujours sur la brèche de l'actu, le Jean-Pierre ;-)

samedi 10 octobre 2009

2000 ans d'Histoire : L'incendie de Rome

L'émission de Patrice Gélinet du mercredi 7 octobre 2009 a pour thème l'incendie de Rome en juillet 64, avec Catherine Salles, grande spécialiste de l'Empire romain, qui vient de publier un livre sur le sujet.


voir la fiche sur cette émission.


pour écouter l'émission.

jeudi 8 octobre 2009

Le grand sanctuaire central de Gisacum

A l'occasion de la visite du site de Gisacum avec mes 4e latinistes (voir message d'hier), nous avons pu voir de plus près les fouilles du grand sanctuaire central. Cet ensemble de trois temples reliés par des galeries se trouve en fait au centre de la ville-sanctuaire de Gisacum (Vieil-Évreux) qui forme un hexagone et englobe 250 ha en partie vides de bâtiments.
Les fouilles ont débuté au XIXe siècle et on pense que le sanctuaire était dédié à une triade : dont peut-être Jupiter et Apollon, si l'on se réfère aux magnifiques statues de bronze découvertes sur place (ces statues sont actuellement au Musée d'Évreux ; par exemple celle de Jupiter). Le nom de la ville vient, lui, du dieu gaulois Gisacus, découvert sur une inscription, mais aucun témoignage antique ne nous donne le nom véritable de cette ville.
Le chantier est heureusement protégé par un grand chapiteau et ne craint pas la pluie qui est tombée abondamment mardi. On voit distinctement trois stades de construction du temple. Le dernier stade, qui date du IIIe siècle ap. J.-C., était un temple très impressionnant, qui culminait à 25 mètres de hauteur.

On peut voir sur ces deux photos le terrain de foot à côté du chantier de fouilles actuel, sous lequel se trouve un des trois temples du sanctuaire central. Les marques laissées par la végétation (après deux mois de sécheresse) dessinent en partie les contours des murs enterrés, soulignés sur la photo de droite.

voir ci-dessous la vidéo en images de synthèse qui présente l'ensemble du site et plus particulièrement le grand sanctuaire (de la 30e s. à la fin de la 1e minute)


photos © J. Cros

mercredi 7 octobre 2009

Archéologie d'intérieur au Vieil-Évreux

temps pourri !
Mardi 6 octobre 2009, les latinistes de 4e2, 3 et 5, accompagnés de Mme Le Gendre et de M. Cros, sont partis pour le Vieil-Évreux afin de s'initier aux fouilles archéologiques. Malheureusement, le temps exécrable a empêché toute fouille et le groupe a dû rester à l'intérieur toute la matinée en laissant les champs environnants sous le ciel bas et lourd.
On n'a pas eu de chance avec la météo, contrairement à l'an dernier.

Il a fallu se faire une raison : le groupe a donc découvert le métier d'archéologue et s'est mis en atelier autour de trois thèmes : reconnaissance de matériel découvert, reconstitution de céramiques et dessin. Ce sont quelques aspects du travail archéologique, dont la plus grande partie se passe à l'intérieur : nettoyage, identification et inventaire des pièces, relevés, rédaction de carnets de fouilles, publication... Les fouilles proprement dites n'occupent qu'un mois et demie de l'année. Et vu la taille du site, il y en a pour des siècles !
Toutes ces activités étaient encadrées par deux archéologues qui travaillent sur place.
Ensuite, sous la pluie, nous sommes allés voir le chantier de fouilles : le grand sanctuaire central de Gisacum (voir message du jeudi 8 octobre, à venir) : on aurait pu fouiller à quelques mètres de là, dans les remblais anciens du temple.
Après le repas et une pause à courir sur les pelouses, on a visité le petit musée et les thermes. Le soleil était revenu nous faire un clin d'œil entre deux nuages mais il était trop tard de toute façon pour pouvoir fouiller...

voir cette page sur Gisacum.

photos © J. Cros

mercredi 23 septembre 2009

Manu militari


Vous ignorez ce que signifie cette expression ? Pour le savoir, cliquez ici.

mardi 15 septembre 2009

Le Salon noir : l'oppidum de Corent

Le Salon noir, émission de France Culture sur l'archéologie, excellente quoique assez pointue, propose une émission en réécoute consacrée aux fouilles de Corent en Auvergne. On peut y entendre Matthieu Poux, archéologue et responsable des fouilles archéologiques sur le site. (nécessite Real Player) :
Corent, capitale gauloise


Consultez également cet article de Magister Optimus sur Corent.

dimanche 6 septembre 2009

L'armée romaine en Belgique!

Pour fêter les 10 ans de la première rencontre des reconstitutions de troupes militaires romaines à Namur en Belgique, la capitale de la Wallonie accueille les 26 et 27 septembre 2009 le plus grand rassemblement de troupes romaines reconstituées qui paraderont, feront des démonstrations de tirs, de mouvements...

plus de renseignements sur cette page.

Accès gratuit

Samedi 26 septembre 2009
10h30 : défilé de l’armée romaine dans le marché de Namur.
dès 13h00 : accès au campement et animations Stade des Jeux (Citadelle)
14h30 et 17h30 : représentations

Dimanche 27 septembre 2009
dès 11h00 : accès au campement et animations Stade des Jeux (Citadelle)
11h30, 14h30, 17h30 : représentations

Infos disponibles sur www.citadelle.namur.be ou rome.wallonie.be
et au 00 32 81 654500

mardi 25 août 2009

La villa gallo-romaine de Montmaurin

Cet ensemble rural très impressionnant (plus de 100 pièces) se situe en Haute-Garonne.
Au Ier siècle, une vaste exploitation composée d'une villa rustica concentre ses bâtiments agricoles autour de la résidence du maître des lieux.
Après plus de 150 ans de prospérité, une période d'abandon se discerne sans doute à la suite d'une crue dévastatrice qui dut anéantir un certain nombre de bâtiments de l'exploitation, le cheptel et les réserves vivrières.
Au IVe siècle, une campagne d'embellissement transforme cet édifice en luxueuse demeure ornée de peintures, de mosaïques et d'un très bel ensemble décoratif de marbres de Saint-Béat.
Vers 375-380, un incendie généralisé détruira l'édifice.

voir le diaporama.
voir l'article sur Wikipédia.
voir la page sur le site de Monum'.

lundi 10 août 2009

La peinture d'un empire

Une belle exposition à Rome sur la peinture romaine, dont il ne reste due quelques fragments : quelques fresques et les portraits du Fayoum pour les tableaux.
On peut y admirer la peinture romaine tout au long de la période qui va du IIe siècle avant J.-C. au IVe de notre ère, depuis la formation de l’empire, consécutive à la conquête des royaumes hellénistiques orientaux, jusqu’à son déclin, au moment où la pression barbare ouvre une ère nouvelle de l’Histoire méditerranéenne et européenne. L’exposition présente aussi bien des fresques occupant parfois des pans de mur entiers que des œuvres sur bois ou sur verre.
La disparition presque totale de la grande peinture grecque ne doit pas faire oublier qu’elle était la forme artistique privilégiée des anciens Hellènes. On a ainsi perdu presque toutes les œuvres de Polygnote, de Zeuxis ou d’Apelle, qui furent très appréciées à Rome où de riches patriciens les achetaient en consacrant à ces acquisitions de véritables fortunes.
Ce qui a survécu jusqu’à nous de la peinture romaine permet cependant, malgré quelques lacunes, d’établir un tableau suffisamment précis de l’évolution de l’art pictural entre l’héritage grec et les nouveautés introduites dans l’art décoratif des siècles ultérieurs, qu’il s’agisse de l’utilisation des couleurs ou des rapports entre les figures humaines et le paysage constituant le fond des grands ensembles peints mis au jour par les archéologues depuis plus de deux siècles. Les découvertes effectuées à Pompéi, à Herculanum, à Stabies ou en Egypte avec les impressionnants portraits funéraires du Fayoum, témoignent de la richesse et de la diversité d’une production moins bien conservée, au fil du temps, que les sculptures ou les pavements de mosaïque.

Vous pouvez voir un extrait du catalogue de l'exposition par ce lien (bas de la page).

Roma. La pittura di un impero
Scuderie del Quirinale,
24 septembre 2009 - 17 janvier 2010

samedi 1 août 2009

Alba-la-Romaine en Ardèche

La cité d'Alba-la-Romaine fut fondée sous l'Empire romain. Elle portait alors le nom de « Alba Helviorum ». Elle fut la capitale du peuple gaulois des Helviens (province de Narbonnaise).
L'antique cité s'étendait sur 30 hectares. On peut visiter le théâtre antique monumental avec son "area sacra", des temples et un sanctuaire impérial. Le parcours de visite comprend la maison des fouilles et spectacles au théâtre antique.
La cité romaine fut fondée, à l'extérieur de la ville actuelle, au nord, de l'autre côté de l'Escoutay, à partir des deux axes perpendiculaires, le cardo (nord-sud) et le decumanus (est-ouest), qui forment la base du quadrillage de l'urbanisme romain. Aujourd'hui dégagé sur 150 mètres, le cardo est composé de blocs de calcaire dur sur lesquels apparaissent encore les traces des roues des charrettes. La chaussée recouvre un réseau d'adduction d'eau et un égout. Le cardo était longé par une galerie couverte, supportée par des piliers carrés et composée d'une vingtaines de boutiques surmontées d'un étage. Quatre escaliers mènent à l'esplanade supérieure.

Au nord-ouest un premier édifice, datant du IIe siècle, est situé au sommet du centre monumental en bordure du cardo occidental. Sa fonction pouvait être liée à la vie économique et religieuse de la cité. Il se compose de quatre ailes entourant un jardin avec un bassin central. A l'origine trois ailes à portique s'ouvraient sur ce jardin, la partie est étant fermée par un simple mur qui fut transformé 30 ou 40 ans plus tard en dernière aile à portique.

Le forum est constitué de l'espace public (area publica) et de l'espace religieux (area sacra).

Au nord, un édifice à vocation publique, composé de quatre ailes à portique, est construit autour d'un jardin avec deux bassins. Le portique s'ouvre sur des exèdres semi-circulaires ou rectangulaires.

Au sud, l'espace sacré est constitué de deux édifices à portique construits en enfilade. Le portique sud, dont le décor apparaissait soigné (placages de marbre, colonnes de calcaire tendre, sol de mosaïque à décor géométrique), est une galerie couverte qui ouvre sur une cour. Un temple, avec vestibule (pronaos) et grande salle (cella), se trouve au centre de la cour. Le portique nord entoure une cour et un bâtiment, prolongé par une abside axiale, qui a pu recevoir l'administration municipale (Curie).

Au sud-est, le théâtre est traversé par un ruisseau. Au IIe siècle il contenait 3000 places.

Le quartier nord est composé d'un sanctuaire agrandi au Ier siècle pour accueillir le culte impérial et d'un habitat populaire. En 1992 la statue d'un empereur divinisé y fut retrouvée. Des habitations luxueuses se situent au sud de la ville près de la rivière l'Escoutay.

page Internet du site archéologique.

illustrations : Wikipédia

dimanche 19 juillet 2009

Le théâtre–amphithéâtre gallo-romain de Lillebonne


Cet édifice de spectacle est exceptionnel à la fois par son plan — un hémicycle légèrement outrepassé — par sa taille et la qualité de sa construction, et enfin par son état de conservation.

Le théâtre de Lillebonne est un édifice mixte caractéristique de la Gaule du Nord et du Centre. Sa structure architecturale combine des éléments spécifiques à deux types d'édifices.
L’arène de forme elliptique correspond à l'amphithéâtre construit au Ier siècle, et les gradins (« cavea ») en hémicycle édifiés au IIe siècle marquent la transformation du site en théâtre. L’étude des techniques de construction révèle la réalisation de travaux de rénovation, d’agrandissement et d’embellissement du théâtre à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle, une époque correspondant à la prospérité de Juliobona.
Au IIIe siècle, il est intégré dans un ensemble de fortifications, le castrum, quand les invasions barbares obligent la population à se réfugier dans l'édifice. Il a servi d’habitation dès l’Antiquité tardive et pendant le Moyen-Age puis fut abandonné et ses pierres réutilisées.
Redécouvert dès le XVIIIe siècle, il a été acheté au XIXe siècle par le département de Seine-Inférieure puis progressivement dégagé.

Sa plus grande longueur est d’environ 112 mètres.
Sa hauteur devait avoisiner les 19 mètres, soit 7 mètres de plus que ce qui est conservé. Il pouvait accueillir 10 000 spectateurs, venus de Juliobona mais aussi de toutes les campagnes environnantes, car les spectacles étaient un élément fédérateur pour les différents peuples gallo-romains.

De très nombreux éléments trouvés aux cours des fouilles successives montrent la qualité et la richesse de son décor : marbres, enduits peints, éléments lapidaires sculptés...
Actuellement, un programme de réhabilitation est en cours. Il prévoit d’étudier le monument par des fouilles archéologiques et de restaurer les parties les plus fragiles pour pouvoir à nouveau l’ouvrir au public.

dimanche 5 juillet 2009

Les Gaulois face à Rome

La Normandie entre deux mondes
Cette exposition, qui durera tout l'été jusqu'au 21 septembre, fait le point sur les découvertes archéologiques récentes en Normandie, concernant aussi bien l'Age de fer que la période romaine.
Il est vrai que la connaissance de la société gauloise s'est vue transformée ces dernières années. On est loin des visions simplificatrices du XIXe siècle, popularisées par Astérix !
Comme le titre l'indique, l'exposition présente la phase de transition entre la culture gauloise et la société gallo-romaine. On voit ainsi comment certains éléments typiquement gaulois perdurent (traditions agricoles et religieuses, habitat rural) et d'autres subissent l'acculturation romaine (équipements, sites d'habitat...).
On admirera par exemples plusieurs objets découverts récemment et peu montrés au public, ainsi qu'une collection de monnayage gaulois assez impressionnante.


Maquette d'une ferme gauloise de l'âge du fer, entourée d'une palissade, souvent doublée d'un fossé. La Gaule était déjà à l'époque largement défrichée (quand bien même César l'appelle "chevelue", adjectif au sens peu clair) et les rendements agricoles élevés.



Fragment d'enduit peint à fresque. On ne sait rien de la décoration des maisons en torchis gauloises. En ville, ce sont les thèmes et les styles romains qui sont représentés. La romanisation a d'ailleurs commencé par les élites (pour les peuples alliés à Rome) qui se sont empressées d'imiter les modes romaines, notamment pour les maisons, malgré leur inadaptation flagrante au climat humide et froid du nord de la Gaule.




Représentation de gladiateurs romains sur une céramique sigillée. Cela montre le succès populaire des jeux romains en Gaule, où les municipalités s'équipaient d'équipements ad hoc, par exemple les "théâtres-amphithéâtres" comme ceux de Lillebonne ou de Lutèce.


Du mardi 19 mai 2009 au lundi 21 septembre 2009,
Musée départemental des Antiquités, Rouen.

présentation de l'exposition.

dimanche 7 juin 2009

Le mythe de Narcisse (ressources)

John William Waterhouse (1849-1917), Écho et Narcisse (1903), Walker Art Gallery, Liverpool

L'allusion à Narcisse

Un enfant vint mourir, les lèvres sur tes eaux,
Fontaine ! de s'y voir au visage trop beau

Du transparent portrait auquel il fut crédule...

Les flûtes des bergers chantaient au crépuscule ;

Une fille cueillait des roses et pleura ;

Un homme qui marchait au loin se sentit las.

L'ombre vint. Les oiseaux volaient sur la prairie ;

Dans les vergers, les fruits d'une branche mûrie

Tombèrent, un à un, dans l'herbe déjà noire,

Et, dans la source claire où j'avais voulu boire,

Je m'entrevis comme quelqu'un qui s'apparaît.

Était-ce qu'à cette heure, en toi-même, mourait

D'avoir voulu poser ses lèvres sur les tiennes

L'adolescent aimé des miroirs, ô Fontaine ?


Henri de Régnier, Les jeux rustiques et divins, 1897

Narcisse se regardant dans l'eau, fresque pompéienne (Maison de M. Lucretius Fronto)


Salvator Dali (1904-1989), Métamorphose de Narcisse (1937), Tate Gallery, Londres

Sur un Narcisse de marbre

fait en relief, de la main de Michel-Ange


Ce n'est ni marbre, ni porphyre,

Que le corps de ce beau chasseur,

Dont l'haleine d'un mol zéphyre

Évente les cheveux avec tant de douceur.

En cette divine sculpture,

On voit tout ce que la nature

Put jamais achever de mieux.

S'il n'entretient tout haut l'image ravissante

Que forme cette onde innocente,

C'est qu'on ne parle que des yeux,

Pour se bien exprimer sur une amour naissante.


François Tristan L'Hermite (1601-1655), La lyre

Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571-1610), Narcisse (1597), palais Barbérini, Rome


Narcisse dans la littérature.
documentation iconographique de Wikimédia.
fiche Wikipédia.

samedi 30 mai 2009

Retour de Ségovie

La ville de Ségovie présente une succession fascinante d'époques architecturales : époque romaine, style roman qui s'est maintenu très tardivement (XVIe siècle), époque musulmane qui combinait les styles propres aux trois communautés religieuses (musulmans, juifs et chrétiens), style mujedar, renaissance...

Mais attardons-nous sur le monument le plus impressionnant (et le plus ancien) : l'aqueduc romain.
Celui-ci domine littéralement la ville et est très imposant puisqu'il est construit en partie à flanc de colline et surplombe le cours d'eau qui contourne en contrebas la ville.
Cet aqueduc a été construit pour les besoins de l'armée romaine, puisque la ville de Ségovie servait de cantonnement militaires aux armées qui stationnaient dans la région. La population autochtone était elle réduite. Cette construction montre bien sa destination totalement utilitaire puisque l'aspect esthétique de l'aqueduc a été nettement laissé de côté, si ce n'est quelques corniches qui rythment les arches. On voit ainsi clairement les anfractuosités pratiquées pour faciliter le levage des pierres. Celles-ci n'ont pas du tout été lissées et présentent donc des bosselages. Ces pierres ne tiennent que par l'équilibre des forces, puisque aucun mortier n'a été utilisé.
L'aqueduc mène les eaux de la rivière Acebeda, à 18 km de Ségovie (ville qui se trouve à plus de 1000 m. d'altitude, au pied de la Sierra de Guadarrama, qui connaît des neiges éternelles) et a fonctionné jusque dans les années 50, ce qui explique son excellent état de conservation.
On peut voir au-dessus du premier étage des arcades la trace d'une inscription latine, aujourd'hui réduite aux perforations qui maintenaient les tenons des lettres de bronze, qui ont disparu avec le temps. Il est possible de la reconstituer à partir des trous comme pour la Maison carrée de Nîmes (voir ce message). A. Ramirez Gallardo (1975) propose la lecture suivante :
TI CLAVDIVS PONT MAX VIII COS III TRIBVNICIA POTESTATE VIIII
IMP PP OMNIVM FECIT
D'après cette hypothèse, l'aqueduc pourrait remonter au règne de Claude c'est-à-dire aux environ de l'an 50.
On distingue aujourd'hui dans la partie centrale, en haut, une statue de la Vierge (la Virgen de la Fuencisla). Une légende locale attribue en effet la construction de l'aqueduc au diable.

illustrations 2 et 4 : J. CROS (autres : Wikipédia)

lundi 25 mai 2009

La flèche du Parthe


Vous ignorez ce qu'est un Parthe ? et pourquoi il envoie des flèches ? Pour le savoir, cliquez ici.

mercredi 13 mai 2009

Le Salon noir : Alésia

Le Salon noir, émission de France Culture sur l'archéologie, excellente quoique assez pointue, propose une émission en réécoute consacrée à Alésia (nécessite Real Player) :
Quoi de neuf à Alésia ?

vendredi 8 mai 2009

Sortie à Évreux

Les 5e3 et 4 étaient en sortie pédagogique à Évreux le jeudi 7 mai 2009. C'était aussi un voyage dans le temps puisqu'on est passé de l'époque gallo-romaine au Moyen-Age.
Le temps a été très beau, même si on a eu des doutes en partant sous le ciel gris et froid de Rouen. Passé la Seine, le temps s'est levé.

La visite s'est commencée par le beffroi de la ville qui date de la fin du XVe siècle, le seul bâtiment civil médiéval conservé. Il servait de tour de guet pour protéger la ville, qui se trouvait à la limite des terres du roi de France et des ducs de Normandie.
Le groupe s'est ensuite promené le long de l'Iton, l'un des affluents de l'Eure. Le cours d'eau traversait autrefois la ville, au milieu des maisons, avant les destructions de la guerre. On peut voir des restes de rempart et des poissons qui nagent dans l'eau peu profonde.
Direction : la cathédrale. Ce bâtiment est un véritable résumé des styles architecturaux tant il a connu d'incendies et de destructions.
On a poursuivi la visite des édifices religieux par l'église Saint-Taurin, évangélisateur d'Évreux. On a pu y voir la célèbre châsse de saint Taurin, reliquaire en or du premier évêque datant du XIIIe siècle.

Comme il commençait à faire faim, nous avons pris la direction du jardin botanique pour une petite heure de détente.
Après un petit tour du cloître des Capucins, qui est aujourd'hui une école de musique, le groupe s'est dirigé vers l'ancien évêché qui est aujourd'hui le musée d'Évreux. Comme on est arrivé un peu en avance, l'évêché était encore fermé de l'intérieur ! Une petite attente au soleil, sous le regard multi-centenaire des gargouilles de l'ancien cloître. La visite des monuments de la ville semble une suite de bâtiments religieux !
Le musée est de dimensions modestes mais les collections sont bien mises en valeur dans les bâtiments restaurés datant de la Renaissance.
Les non-latinistes ont poursuivi leur voyage à l'époque médiévale, tandis que les latinistes ont encore remonté le temps. La partie consacrée à l'Antiquité est assez impressionnante : le sous-sol du musée est en effet fermé sur un côté par le rempart d'époque gallo-romaine. On y voit même en fondation des matériaux de réemploi, comme des chapiteaux et des fûts de colonnes.
Les élèves ont donc observé les différentes vitrines à l'aide d'un petit fascicule pédagogique. Toute la vie quotidienne y est abordée. L'un des chefs-d'œuvre de la collection est sans conteste cette magnifique statue de Jupiter en bronze avec des réhauts en cuivre (lèvres, mamelons) et en argent (yeux).

A droite, on peut voir une portion du rempart d'Évreux (près de la cathédrale) qui conserve des parties de l'époque romaine : les strates de briques (très plates) alternant avec des pierres petites et bien alignées (opus mixtum) sont caractéristiques des murs romains.