L'allusion à Narcisse
Un enfant vint mourir, les lèvres sur tes eaux,
Fontaine ! de s'y voir au visage trop beau
Du transparent portrait auquel il fut crédule...
Les flûtes des bergers chantaient au crépuscule ;
Une fille cueillait des roses et pleura ;
Un homme qui marchait au loin se sentit las.
L'ombre vint. Les oiseaux volaient sur la prairie ;
Dans les vergers, les fruits d'une branche mûrie
Tombèrent, un à un, dans l'herbe déjà noire,
Et, dans la source claire où j'avais voulu boire,
Je m'entrevis comme quelqu'un qui s'apparaît.
Était-ce qu'à cette heure, en toi-même, mourait
D'avoir voulu poser ses lèvres sur les tiennes
L'adolescent aimé des miroirs, ô Fontaine ?
Henri de Régnier, Les jeux rustiques et divins, 1897
Narcisse se regardant dans l'eau, fresque pompéienne (Maison de M. Lucretius Fronto)
Sur un Narcisse de marbre
fait en relief, de la main de Michel-Ange
Ce n'est ni marbre, ni porphyre,
Que le corps de ce beau chasseur,
Dont l'haleine d'un mol zéphyre
Évente les cheveux avec tant de douceur.
En cette divine sculpture,
On voit tout ce que la nature
Put jamais achever de mieux.
S'il n'entretient tout haut l'image ravissante
Que forme cette onde innocente,
C'est qu'on ne parle que des yeux,
Pour se bien exprimer sur une amour naissante.
François Tristan L'Hermite (1601-1655), La lyre
Narcisse dans la littérature.
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