Voici le blog pédagogique de M. Cros.
Vous y trouverez des infos sur l'Antiquité et des pistes pour le latin.

samedi 30 mai 2009

Retour de Ségovie

La ville de Ségovie présente une succession fascinante d'époques architecturales : époque romaine, style roman qui s'est maintenu très tardivement (XVIe siècle), époque musulmane qui combinait les styles propres aux trois communautés religieuses (musulmans, juifs et chrétiens), style mujedar, renaissance...

Mais attardons-nous sur le monument le plus impressionnant (et le plus ancien) : l'aqueduc romain.
Celui-ci domine littéralement la ville et est très imposant puisqu'il est construit en partie à flanc de colline et surplombe le cours d'eau qui contourne en contrebas la ville.
Cet aqueduc a été construit pour les besoins de l'armée romaine, puisque la ville de Ségovie servait de cantonnement militaires aux armées qui stationnaient dans la région. La population autochtone était elle réduite. Cette construction montre bien sa destination totalement utilitaire puisque l'aspect esthétique de l'aqueduc a été nettement laissé de côté, si ce n'est quelques corniches qui rythment les arches. On voit ainsi clairement les anfractuosités pratiquées pour faciliter le levage des pierres. Celles-ci n'ont pas du tout été lissées et présentent donc des bosselages. Ces pierres ne tiennent que par l'équilibre des forces, puisque aucun mortier n'a été utilisé.
L'aqueduc mène les eaux de la rivière Acebeda, à 18 km de Ségovie (ville qui se trouve à plus de 1000 m. d'altitude, au pied de la Sierra de Guadarrama, qui connaît des neiges éternelles) et a fonctionné jusque dans les années 50, ce qui explique son excellent état de conservation.
On peut voir au-dessus du premier étage des arcades la trace d'une inscription latine, aujourd'hui réduite aux perforations qui maintenaient les tenons des lettres de bronze, qui ont disparu avec le temps. Il est possible de la reconstituer à partir des trous comme pour la Maison carrée de Nîmes (voir ce message). A. Ramirez Gallardo (1975) propose la lecture suivante :
TI CLAVDIVS PONT MAX VIII COS III TRIBVNICIA POTESTATE VIIII
IMP PP OMNIVM FECIT
D'après cette hypothèse, l'aqueduc pourrait remonter au règne de Claude c'est-à-dire aux environ de l'an 50.
On distingue aujourd'hui dans la partie centrale, en haut, une statue de la Vierge (la Virgen de la Fuencisla). Une légende locale attribue en effet la construction de l'aqueduc au diable.

illustrations 2 et 4 : J. CROS (autres : Wikipédia)

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