Catilina évoque sa relation supposée avec une vestale, et la châtiment qu'elle mériterait si elle perdait sa virginité.Bon, allons-y : premièrement, la vestale est dépouillée de son diadème et de son manteau de lin, puis elle est flagellée par le Grand Pontife, chef suprême de la religion d'État, de qui dépendent directement toutes les vestales. Après la flagellation, la vestale condamnée est parée comme un cadavre, enveloppée d'un linceul serré et portée à travers le Forum, suivie par tous ses parents en pleurs, dans une hideuse parodie de ses funérailles. On la conduit ainsi jusqu'à proximité de la porte Colline, où l'on a aménagé un petit hypogée avec un lit, une lampe et une table pourvue d'un peu de nourriture. Un bourreau la fait descendre par une échelle dans la cellule souterraine, mais il ne la touche pas, car sa personne est toujours consacrée à la déesse Vesta et l'on n'a pas le droit de la tuer. L'échelle est ensuite retirée, l'hypogée maçonné et le terrain aplani. Aucun homme ne porte ainsi la responsabilité de lui avoir ôté la vie, comprends-tu ; c'est la déesse Vesta qui s'en charge.
- Tu veux dire qu'elle est enterrée vivante ? demanda Meto.
- Exactement ! En théorie, si le tribunal s'est trompé et si la vestale est innocente, la déesse refusera de lui prendre la vie et elle restera indéfiniment vivante dans son tombeau souterrain. Reste que, comme l'hypogée est scellé, la possibilité d'une rédemption est purement technique ; et Vesta finit certainement par prendre pitié de la jeune fille en la tuant, qu'elle ait été innocente ou non, plutôt que de la laisser vivre éternellement dans un tombeau glacé, seule et misérable.
Steven Saylor, L'Énigme de Catilina
traduction Denis-Armand Canal