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lundi 10 novembre 2008

Découverte majeure dans les catacombes de Rome

Étendu sur un monceau d'ossements, les bras le long du corps, dents serrées, le squelette fixe de ses orbites vides l'archéologue qui dégage patiemment ses os au fond d'une fosse mystérieuse sur un terrain du Vatican, la catacombe des Saints-Pierre-et-Marcellin à Rome.

"De 3.000 à 4.000 corps ont été accumulés là au premier siècle de notre ère, dans six pièces", bien rangés les uns sur les autres, la plupart sur le dos, parfois sur le ventre, souvent tête-bêche, décrit Philippe Blanchard, archéologue de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).
Mais, plus curieux encore, "on voit que des corps ont été déposés par dizaines simultanément, ce qui fait penser à une mortalité anormale, un événement particulier" comme une épidémie, remarque pour sa part Dominique Castex, anthropologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Aucune catastrophe naturelle n'a été répertoriée à cette époque.

Martyrs chrétiens ou victimes d'épidémies ?
A l'occasion des travaux, derrière une fresque représentant notamment deux visages portant une auréole, les archéologues découvraient des cavités avec un amoncellement de corps.
La présence de la fresque aux auréoles a immédiatement fait penser à un dépôt de martyrs chrétiens. Mais, note Dominique Castex, les analyses ont montré que les corps ne présentent pas de lésion osseuse. D'où l'idée qu'il pourrait plutôt s'agir de victimes d'épidémies étant donné la simultanéité des dépôts.

Deux petites pièces, d'environ 1,50 m sur 1,20 m, ont déjà été dégagées. De façon surprenante, les couches de corps étaient séparées par de la terre.
Dans les plus grandes pièces actuellement fouillées, pouvant atteindre 3,40 m sur 2,60 m et contenir chacune plus de 1.500 corps, d'autres détails intriguent : les visages ont été recouverts de plâtre, ce qui laisse penser à "des masques funéraires". "Dans un contexte d'épidémie, remarque Philippe Blanchard, il est étonnant de voir des corps préparés".
Par ailleurs, souligne Dominique Castex, très peu de bijoux ont été retrouvés (une paire de boucles d'oreilles, une bague, une épingle à cheveu), alors qu'à cette époque les morts étaient généralement enterrés avec.
Devant des ossements remontés dans un petit laboratoire en plein air installé dans un couvent voisin, Dominique Castex précise que les premières analyses n'ont pas encore permis de déterminer de quelle maladie ces morts ont pu être frappés : peste ? variole? typhus ?

AFP

voir le dossier consacré à cette découverte sur le site de France 3.

voir l'article du Monde.

écouter également l'émission de radio de France Culture sur ce sujet (le Salon Noir du 29 octobre).

photo : Des archéologues italiens et français ont découvert à la fois un oratoire chrétien martyrial du VIe-VIIe siècle et une cavité du Ier-IIe siècle contenant 3000 à 4000 corps d’hommes et de femmes inhumés hâtivement au cœur des catacombes de Rome (Gliksman/Inrap).

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