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mercredi 17 septembre 2008

La plus ancienne inscription hébraïque trouvée en Autriche


Cette inscription figure sur une feuille d'or de deux centimètres de côté découverte en 2006 dans un cimetière autrichien, à Halbturn, datant du IIe au Ve siècle ap. J.-C. Ce cimetière antique se trouvait à proximité d'une grande exploitation agricole, une villa rustica, dans une région appelée la Pannonie, l'une des provinces romaines.
Il s'agissait plus précisément de la tombe d'un enfant d'un ou deux ans, datant du IIIe siècle. Il est probable que cet enfant était un esclave. Beaucoup de Juifs avaient en effet été réduits en esclavage après les révoltes en Judée et la destruction du temple de Jérusalem en 70 ap. J.-C.
Cette feuille d'or était enroulée dans une capsule d'argent qu'on a retrouvée à proximité et que l'enfant portait sans doute autour du cou comme amulette, à la façon de la bulla.
Le texte inscrit est une prière en hébreu, mais écrite phonétiquement en caractères grecs :
ΣΥΜΑ ΙΣΤΡΑΗΛ ΑΔΩΝΕ ΕΛΩΗ ΑΔΩΝ Α
Écoute, O Israël ! Le seigneur est notre dieu, Le seigneur est unique. (Deutéronome, 6:4)
(traduit à partir de l'anglais)

Cette inscription est donc aujourd'hui le document archéologique le plus ancien qui atteste la présence de populations de religion juive dans cette partie de l'Empire romain.
On pourrait s'étonner de l'usage de l'alphabet grec pour un texte en hébreu. Toutefois, les linguistes estiment que l'hébreu était déjà une langue morte à l'époque du Christ (qui parlait araméen). C'est par exemple pourquoi la communauté juive d'Alexandrie avait ressenti le besoin de faire traduire la Torah en grec (la Septante qui deviendra la base de la Bible en latin, la Vulgate). On sait aussi que tout l'est de l'Empire romain était hellénophone. La petite communauté juive de cette région rurale de Pannonie connaissait le grec mais pas l'alphabet hébreu, d'où la transcription en alphabet grec.

photo © Université de Vienne, Institut de Préhistoire et d'Histoire ancienne (voir la page sur leur site, en anglais)

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